Betty Friedan
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(à 85 ans) Washington |
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Cimetière juif de Sag Harbor (Etat de New York) |
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Georgetown Retirement Home (d) |
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Smith College Institut Esalen Université de Californie à Berkeley Peoria High School (en) |
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Distinctions |
La Femme mystifiée, The Second Stage (d), The Fountain of Age (d) |
Betty Naomi Goldstein Friedan, née le à Peoria dans l'État de l'Illinois et morte le à Washington (district de Columbia), est une féministe, journaliste et essayiste américaine. Elle est l'une des figures majeures du mouvement dit de la deuxième vague féministe aux États-Unis. Ce mouvement s'inscrivait notamment en réaction à une période de retour aux valeurs familiales idéalisant la femme au foyer et l'épouse modèle, telles que promues après la Seconde Guerre mondiale.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et formation
[modifier | modifier le code]Betty Naomi Friedan est l'aînée des trois enfants de Miriam Horwitz Goldstein et d'Harry Goldstein, un immigré russe juif[1],[2]. Son père Harry est un joaillier et sa mère Miriam est une journaliste travaillant dans une publication locale[3]. Dès son enfance, elle fait l'expérience des injustices sociales et de l'antisémitisme. Elle suit ses études secondaires à la Peoria High School (Peoria, Illinois) (en), où elle commence à écrire, publiant des articles dans le journal de l'établissement. Avec six condisciples, elle fonde un magazine littéraire[4],[5].
En 1938, après sa scolarité secondaire, elle est acceptée au Smith College, où elle obtient en 1942 un Bachelor of Arts (licence) avec une dominante en psychologie et la mention summa cum laude. Elle poursuit ses études universitaires à l'université de Berkeley où, sous la direction d'Erik Erikson, elle soutient son Master of Arts (mastère) de psychologie en 1943. Bien qu'ayant obtenu une bourse pour mener des études doctorales, elle abandonne, car d'après elle, les femmes qui sont titulaires d'un doctorat se marient rarement : elle ne voulait pas finir « vieille fille »[2].
En 1943, elle s'installe à New York, où elle occupe différents postes jusqu'en 1947. Après son mariage en 1947, elle devient femme au foyer, tout en publiant des articles jusqu'en 1957.
Carrière
[modifier | modifier le code]De 1943 à 1946, elle écrit pour Federated Press (en), puis jusqu'en 1952 pour United Electrical Worker's - UE News[6]. Elle tombe enceinte en 1952 et est renvoyée. Elle devient alors rédactrice indépendante pour différents magazines. En 1957, lors de la quinzième réunion d'anciens élèves du Smith College, elle décide de faire circuler des questionnaires concernant la vie et la satisfaction de leur quotidien de ses ex-camarades féminines[7]. Le résultat du questionnaire indique que 89 % d'entre elles n'utilisent pas leurs acquis universitaires et se sentent socialement dévalorisées[8]. C'est à partir de ce moment qu'elle commence à réellement s'intéresser à la souffrance des femmes au foyer. Elle publie alors des articles pour relever cette situation, qu'elle appelle « The Problem that has no name » (en français « Le problème qui n'a pas de nom »). De nombreuses femmes lui répondent et sont en accord avec elle, ce qui confirme qu'elle n'est pas la seule à ressentir cette situation comme un problème[9].
La Femme mystifiée (The Feminine Mystique)
[modifier | modifier le code]Au vu du petit succès que ses articles reçoivent, elle décide d'en faire un livre, The Feminine Mystique, qu'elle publie en 1963[10], sur la frustration des femmes modernes. Cet essai marque le lancement d'un mouvement visant à réévaluer le rôle des femmes dans la société américaine[11],[12]. Il a aussitôt été traduit en français, par Yvette Roudy, future ministre chargée des Droits des femmes (1981-1986).
La National Organization for Women
[modifier | modifier le code]À la suite du succès de ce livre, Betty Friedan est incitée à fonder un mouvement féministe inspiré du modèle de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), une association de lutte contre la ségrégation et les discriminations raciales, dont l'action était principalement politique et juridique. Ce sera la National Organization for Women (NOW, ce qui signifie aussi « Maintenant » ; en français : l'Organisation nationale pour les femmes), qui jouera un rôle primordial sur la scène politique et culturelle américaine durant les années 1960 et 1970[1].
Tout au long de son combat, Betty Friedan a prôné un féminisme modéré, visant une plus grande égalité des sexes et de nouveaux droits pour les femmes, sans pour autant se positionner en opposition aux hommes[13] ; c'est pourquoi NOW est la National Organization for Women (Organisation pour les femmes, et non pas des femmes). Cette modération dans ses choix n'enlevait pas pour autant à Betty Friedan un caractère déterminé et un goût pour les formules provocantes, source de conflits réguliers au sein de NOW ou avec d'autres associations féministes plus radicales[14].
Ses prises de position lesbophobes au sein du mouvement ont contribué à la démission de de son poste administratif[15].
La NARAL Pro-Choice America
[modifier | modifier le code]Elle démissionne de la NOW, divorce et cofonde en 1969 la National Association for the Repeal of Abortion Laws, connue depuis sous le nom de NARAL Pro-Choice America[16],[17],[18].
La National Women’s Political Caucus
[modifier | modifier le code]En 1971, elle cofonde avec Bella Abzug, Shirley Chisholm, deux représentantes siégeant au Congrès des États-Unis, et la féministe Gloria Steinem, la National Women's Political Caucus (en), un lobby destiné à faciliter l'adoption de loi en faveur des égalités des droits civiques pour les femmes[13],[19],[20].
Critiques
[modifier | modifier le code]Betty Friedan faisait partie de la classe moyenne américaine et avait reçu une éducation universitaire. On a pu parfois lui reprocher de ne pas avoir assez pris en compte les femmes de la classe ouvrière, et de promouvoir un modèle féminin en décalage avec les attentes de ces dernières[21].
Elle est critiquée par le lesbianisme politique pour ses positions lesbophobes. En 1969, elle utilise l'expression « The Lavender Menace » pour désigner le risque que représentait à ses yeux l'apparition du lesbianisme politique, qui pourrait discréditer le mouvement féministe et compromettre son agenda. Le groupe Lavender Menace est fondé en 1970 par des lesbiennes politiques comme Rita Mae Brown et retourne le stigmate en prenant à son compte l'expression utilisée par Betty Friedan[15].
Vie personnelle
[modifier | modifier le code]Le , elle épouse le producteur de théâtre Carl Friedan. Le couple donne naissance à trois enfants : Daniel (né en 1948), Jonathan (né en 1952) et Emily (née en 1956), avant de divorcer en mai 1969[7],[9],[22].
Betty Friedan est décédée d'une crise cardiaque le , jour de son 85e anniversaire[23],[24],[25],[26]. Elle est inhumée au cimetière juif de Sag Harbor dans le comté de Suffolk, dans l'État de New York[27].
Œuvres
[modifier | modifier le code]Éditions originales
[modifier | modifier le code]- (en-US) The Feminine Mystique, W. W. Norton Company, 19 février 1963, rééd. 3 septembre 2013, 562 p. (ISBN 978-0-393-34678-7),
- (en-US) "It Changed My Life" : Writings on the Women's Movement, Harvard University Press, 1 janvier 1976, rééd. 15 mars 1998, 528 p. (ISBN 978-0-674-46885-6, lire en ligne),
- (en-US) The Second Stage : With a New Introduction, Harvard University Press, 1981, rééd. 1 avril 1998, 396 p. (ISBN 978-0-674-79655-3, lire en ligne),
- (en-US) Fountain of Age, Simon & Schuster, 1 septembre 1993, rééd. 1 août 2006, 672 p. (ISBN 978-0-7432-9987-9, lire en ligne),
- (en-US) Beyond Gender : The New Politics of Work and Family, Woodrow Wilson Center Press, , 132 p. (ISBN 978-0-943875-84-2, lire en ligne),
- (en-US) Life So Far : A Memoir, Simon & Schuster, 24 mai 2000, rééd. 2 mai 2001, 400 p. (ISBN 978-0-7432-0024-0),
- (en-US) The Problem That Has No Name, Penguin Classics, , 55 p. (ISBN 978-0-241-33926-8)[28],
Traduction française
[modifier | modifier le code]- Betty Friedan (trad. de l'anglais par Yvette Roudy), La Femme mystifiée [« The Feminine Mystique »], Paris/61-Lonrai, Belfond, 1964, rééd. 7 mars 2019, 560 p. (ISBN 978-2-7144-7997-6),
Archives
[modifier | modifier le code]Les archives de Betty Friedan sont déposées à la bibliothèque Schlesinger de l'Institut Radcliffe pour les études supérieures de l'Université Harvard et sont consultables en ligne[29].
Hommage
[modifier | modifier le code]- 1975 : nommée avec Henry Morgentaler « Humaniste de l'Année », par l'American Humanist Association[30].
- 1993 : cérémonie d'admission au National Women's Hall of Fame[31].
- L'astéroïde (249523) Friedan porte son nom.
Dans la culture
[modifier | modifier le code]- Elle est interprétée par Tracey Ullman dans la série Mrs America (2020), qui retrace le combat dans les années 1970 autour de l'Equal Rights Amendment (ERA).
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Betty Friedan », sur Jewish Women's Archive (consulté le ).
- (en-US) « Betty Naomi Friedan | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le ).
- (en-US) « Betty Friedan Biography - life, family, children, name, wife, mother, young, book, information, born », sur www.notablebiographies.com (consulté le ).
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- (en) Michael P. Fogarty, « Reviewed Works: The Feminine Mystique by Betty Friedan », Revue Internationale de l'Education, Vol. 19, No. 1, , p. 151-154 (4 pages) (lire en ligne).
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Pour approfondir
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Notices dans des encyclopédies et manuels de références
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Essais
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Articles
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- (en-US) Katherine Turk, « “To Fulfill an Ambition of [Her] Own”: Work, Class, and Identity in The Feminine Mystique », Frontiers: A Journal of Women Studies, Vol. 36, No. 2, , p. 25-32 (8 pages) (lire en ligne ),
Francophones
[modifier | modifier le code]- « Friedan Betty — Les femmes à la recherche d'une quatrième dimension. [compte-rendu] », Population, , p. 1130 (1 page) (lire en ligne),
- Denis Marie, « Betty Friedan, Femmes, Le second souffle, Hachette [compte-rendu] », Les cahiers du GRIF, n° 26, , p. 171-173 (2 pages) (lire en ligne),
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- Mattelart Michèle, « Femmes et medias. Retour sur une problématique », Réseaux, no 120, , p. 23-51 (28 pages) (lire en ligne),
Hispaniques
[modifier | modifier le code]- Ana Rita Fonteles Duarte, « Betty Friedan: morre a feminista que estremeceu a América », Estudos Feministas, vol. 14, no 1, 1 trimestre 2006, p. 287-293 (7 pages) (lire en ligne ),
- Joanne Boucher et Cecilia Olivares, « Betty Friedan y el pasado radical del feminismo liberal », Debate Feminista, vol. 35, , p. 277-294 (18 pages) (lire en ligne ),
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- American National Biography
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Dictionnaire universel des créatrices
- Enciclopedia delle donne
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Nationalencyklopedin
- Munzinger
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Universalis
- Visuotinė lietuvių enciklopedija
- Naissance en février 1921
- Naissance à Peoria (Illinois)
- Décès en février 2006
- Décès à Washington (district de Columbia)
- Féministe américaine
- Décès à 85 ans
- Essayiste américaine du XXe siècle
- Féministe universaliste
- Réformatrice sociale
- Mouvement pour le droit à l'avortement
- Humaniste de l'Année
- Étudiant du Smith College
- Étudiant de l'université de Californie à Berkeley
- Inscrite au National Women's Hall of Fame
- Éponyme d'un objet céleste